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Mon nom est Palestine
9 février 2018

L'histoire cachée du sionisme

Extraits de l’ouvrage du même nom par Ralph Schoenman, permettant d’appréhender au mieux les conditions dans lesquelles l’État d’Israël a été créé et la nature de l’idéologie sioniste. I - Les quatre mythes Ce n’est pas par accident si quiconque tentant d’examiner la nature du sionisme - son origine, son histoire et sa dynamique - se retrouve face à des gens qui le menacent ou le terrorisent. Très récemment, après avoir signalé un meeting sur le sort du peuple palestinien au cours d’un interview sur KPFK (une radio de Los Angeles), les organisateurs de ce meeting ont été submergés de coup de téléphone anonymes les menaçant de déposer des bombes.  Il n’est pas non plus facile, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe occidentale, de diffuser des informations sur la nature du sionisme ou d’analyser les faits spécifiques qui caractérisent le sionisme comme mouvement politique. Même l’annonce sur les campus universitaires de forums ou de meetings autorisés sur le sujet engendre invariablement une campagne visant à clore la discussion. Les affiches sont déchirées aussi vite qu’elles ont été collées. Les meetings sont bourrés par des escadrons itinérants de jeunes sionistes qui cherchent à les briser. Les tables de publication sont saccagées, tracts et articles sont publiés, accusant l’orateur d’anti-sémitisme ou, dans le cas où il est d’origine juive, de reniement et de haine de soi.  Si les agressions et les calomnies sont ainsi utilisées contre les anti-sionistes c’est que la différence entre la fiction officielle au sujet du sionisme et de l’Etat d’Israël, et les pratiques barbares de cette idéologie colonialiste et de cet appareil coercitif constitue un véritable abîme. Les gens sont en état de choc lorsqu’ils ont l’occasion d’entendre parler ou de lire des faits au sujet des persécutions subies par les Palestiniens depuis un siècle, et c’est pourquoi les défenseurs du sionisme cherchent sans cesse à empêcher un examen cohérent, sans passion, des témoignages sur le chauvinisme virulent du mouvement sioniste et de l’Etat qui incarne ses valeurs.  L’ironie c’est que lorsque nous étudions ce que les sionistes ont écrit et dit - en particulier lorsqu’ils s’adressent à eux-mêmes - il n’y a aucun doute possible sur ce qu’ils ont fait et sur leur place dans l’éventail politique depuis le dernier quart du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui.  FAÇONNER LES CONSCIENCES Dans notre société, quatre mythes puissants ont façonné la conscience de la grande majorité à propos du sionisme.  Le premier c’est celui d’une « Terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Ce mythe a été assidument cultivé par les premiers sionistes pour faire passer la fiction selon laquelle la Palestine était un lieu perdu, désolé, offert à qui voulait le prendre. Cette prétention a été rapidement suivie par la négation de l’identité palestinienne, de son existence comme nation et du droit légitime à la terre sur laquelle les Palestiniens ont vécu toute leur histoire connue.  Le second c’est le mythe de la démocratie israélienne. D’innombrables histoires dans les journaux ou références à la télévision à l’Etat d’Israël sont suivies de l’affirmation que c’est la seule démocratie “véritable” du Moyen-Orient. En fait, Israël est à peu près aussi démocratique que l’Etat sud-africain. Les libertés publiques, les moyens de les mettre en oeuvre et les droits de l’homme les plus fondamentaux sont déniés par la loi à ceux qui ne répondent pas à certains critères raciaux et religieux.  Le troisième mythe, c’est celui de la “sécurité” comme force motrice de la politique étrangère d’Israël . Les sionistes affirment que leur Etat doit être la quatrième puissance militaire mondiale parce qu’Israël a dû se défendre contre la menace immédiate de masses d’Arabes primitifs, consumés par la haine, qui viennent tout juste de descendre de leurs arbres.  Le quatrième mythe c’est celui du sionisme comme légataire moral des victimes de l’holocauste. C’est là à la fois le mythe le plus répandu et le plus insidieux sur le sionisme. Les idéologues du mouvement sioniste se sont drapés dans le linceul collectif de six millions de juifs victimes des assassinats de masse des nazis. L’ironie cruelle et amère de cette prétention mensongère c’est que le mouvement sioniste a lui-même été en étroite collusion avec le nazisme dès sa conception.  Pour la plupart des gens, il paraît impossible que le mouvement sioniste, qui invoque toujours l’horreur de l’holocauste, ait pu collaborer activement avec l’ennemi le plus terrible auquel les juifs aient jamais eu à faire face. Les faits cependant révèlent non seulement des intérêts communs, mais une affinité idéologique profonde enracinée dans le chauvinisme extrémiste qu’ils ont en commun.  II - Les objectifs sionistes Les objectifs du sionisme n’ont jamais été simplement la colonisation de la Palestine - ce qui était le but des mouvements impérialistes et colonialistes classiques au cours du XIXe et du XXe siècles. Le but du colonialisme européen en Afrique et en Asie était essentiellement l’exploitation des populations indigènes comme force de travail à bas prix tout en pillant les ressources naturelles pour en tirer des profits exorbitants.  Ce qui distingue le sionisme des autres mouvements colonialistes c’est la relation entre les colons et le peuple à conquérir. Le but avoué du sionisme n’était pas simplement d’exploiter les Palestiniens mais de les disperser et de les déposséder. L’objectif était de remplacer la population indigène par une nouvelle communauté de colons, d’éliminer les fermiers, les artisans et les citadins de Palestine pour leur substituer une force de travail entièrement nouvelle composée par des colons.  En niant l’existence du peuple palestinien, le sionisme cherchait à créer le climat politique pour les chasser non seulement de leur terre mais de l’histoire. Lorsqu’on reconnaissait un tant soit peu leur existence, les Palestiniens étaient présentés comme un vestige nomade à moitié sauvage. Les faits historiques ont été falsifiés - selon une procédure amorcée au cours du dernier quart du XIXe siècle mais qui se continue aujourd’hui par des écrits pseudo-historiques comme celui de Joan Peter, « Depuis des temps immémoriaux ».  "Le sionisme devait rechercher différents appuis impérialistes pour cette ntreprise sanglante : parmi eux, l’Empire Ottoman, l’Allemagne inpériale, le Raj britannique, le colonialisme français et la Russie tsariste. Les plans sionistes pour le peuple palestinien anticipaient la solution Ottomane de la question des Arméniens, qui devaient être massacrés lors du premier grand génocide du XXe siècle.  LES PLANS SIONISTES POUR LE PEUPLE PALESTINIEN  Dès l’origine, le mouvement sioniste a cherché à “arméniser” le peuple palestinien. Comme les indigènes d’Amérique du Nord, les Palestiniens étaient considérés comme “un peuple en trop”. La logique c’était leur élimination ; le résultat : un génocide.  Cela n’était pas moins vrai pour le mouvement ouvrier sioniste, qui cherchait à donner un vernis “socialiste” à cette entreprise coloniale. L’un des principaux théoriciens du sionisme ouvrier, qui était l’un des fondateurs du parti sioniste Ha’Poel Ha Tzair (Le Jeune travailleur), et partisan de Poale Zion (Travaillleurs de Sion), était Aaron David Gordon.  Walter Laqueur reconnaît dans son Histoire du sionisme que « A. D. Gordon et ses camarades voulaient que chaque arbre et chaque buisson soit planté par un pionnier juif » (14)  C’est Gordon qui a estampillé le slogan « conquête des travailleurs » (Kibbush avodah). Il a fait appel aux capitalistes juifs, et aux responsables des plantations Rotschild, qui avaient obtenu des terres des seigneurs turcs absents par-dessus la tête du peuple palestinien, « à Jouer aux juifs et uniquement aux juifs ». Il organisa le boycott de toute entreprise sioniste qui n’employait pas exclusivement des juifs, et prépara des grèves contre les colons des Rotschild qui autorisaient les paysans arabes à moissonner avec eux ou à travailler pour eux, même à bas prix. Ainsi, les “sionistes ouvriers” utilisèrent-ils les méthodes du mouvement ouvrier pour interdire l’emploi des Arabes ; leur objectif n’était pas l’exploitation mais l’usurpation.  LA SOCIÉTÉ PALESTINIENNE  Il y avait plus d’un millier de villages en Palestine à la fin du XIXe siècle. Jérusalem, Haïfa, Gaza, Nablus, Acre, Jéricho, Ramle, Hébron et Nazareth étaient des villes florissantes. Les collines étaient laborieusement cultivées en terrasses. Les canaux d’irrigation sillonnaient la terre. Les vergers de citronniers, les forêts d’oliviers et les céréales de Palestine étaient connus dans le monde entier. Le commerce, l’artisanat, le textile, la construction et la production agricole étaient largement développés. Les comptes rendus de voyageurs au XVIIIe et au XIXe siècles en témoignent unanimement, comme l’étaient les rapports trimestriels très précis publiés au XIXe siècle par le Fonds britannique d’exploration de la Palestine.  En fait, c’est précisément la cohésion sociale et la stabilité de la société palestinienne qui ont conduit Lord Palmerston en 1840, lorsque l’Angleterre a établi un consulat à Jérusalem, à proposer avec prescience la fondation d’une colonie de juifs européens pour « préserver les intérêts les plus larges de l’Empire britannique ». (15)  La société palestinienne, si elle souffrait de la collaboration des propriétaires terriens féodaux (effendi) avec l’Empire ottoman, était néanmoins productive et diversifiée culturellement, avec une paysannerie très consciente de son rôle social.  Les paysans palestiniens et les citadins avait établi une distinction claire, fortement ressentie entre les juifs qui vivaient parmi eux et les colons potentiels, et ce depuis 1820 lorsque les 20 000 juifs de Jérusalem avaient été totalement intégrés et acceptés dans la société palestinienne.  Lorsque les colons de Petah Tikvah cherchèrent à chasser les paysans de leurs terres, en 1886, ils rencontrèrent une résistance organisée, mais les travailleurs juifs des villages voisins et leurs communautés ne furent nullement inquiétés. Lorsque les Arméniens fuyant le génocide turc s’installèrent en Palestine ils furent les bienvenus. Mais ce génocide fut de façon inquiétante soutenu par Vladimir Jabotinsky et d’autres sionistes qui tentèrent ainsi d’obtenir le soutien des Turcs. En fait, jusqu’à la déclaration Balfour (1917), la réaction palestinienne à l’installation des colonies sionistes fut d’une tolérance imprudente. Il n’y avait pas de haine organisée des juifs en Palestine, pas de massacres comme en préparaient les anti-sémites du tsar et de Pologne, Pas de contrepartie raciste dans la réaction palestinienne aux colons armés (qui utilisaient la force partout où ça leur était possible pour ohasser les Palestiniens de leurs terres). Même les émeutes spontanées, exprimant la rage refoulée des Palestiniens devant les vols incessants de leurs terres, n’étaient pas dirigées contre les juifs comme tels.  À LA RECHERCHE DES FAVEURS DE L’EMPIRE  En 1896, Theodor Herzl mit en avant son plan pour pousser l’Empire Ottoman à céder la Palestine au mouvement sioniste « En supposant que Sa Majesté le Sultan veuille bien nous donner la Palestine, nous pourrions en retour entreprendre de régulariser les finances de la Turquie. Nous serions là-bas un poste avancé de la civilisation contre la barbarie. » (16).  En 1905, le VIIe Congrès sioniste mondial dut reconnaître que le peuple palestinien était en train d’organiser un mouvement politique pour l’indépendance nationale à l’égard de l’Empire ottoman - une menace non seulement pour le pouvoir turc mais également pour les desseins sionistes.  Prenant la parole lors de ce congrès, Max Nordau, un éminent dirigeant sioniste, mit en avant les préoccupations sionistes « Le mouvement qui est devenu celui d’une grande partie du peuple arabe pourrait aisément prendre une direction néfaste à la Palestine.... Le gouvernement turc pourrait se sentir alors obligé de défendre son règne en Palestine et en Syrie par la force armée... Dans de telles circonstances, la Turquie peut être convaincue par nous qu’il sera important pour elle d’avoir en Palestine et en Syrie un groupe fort et bien organisé qui résistera à toute attaque contre l’autorité du sultan et défendra l’autorité de ce dernier de toute sa force. » (17)  Tandis que le kaiser entreprenait de forger une alliance avec la Turquie dans le cadre de son conflit avec la France et la Grande-Bretagne au sujet du contrôle du Moyen-Orient, le mouvement sioniste fit des ouvertures similaires auprès de l’Allemagne impériale. Le kaiser mit presque dix ans dans ses tractations intermittentes avec la direction sioniste pour formuler un plan pour un Etat juif sous des auspices Ottomans qui aurait eu pour principale tâche l’éradication de la résistance anti-colonialiste palestinienne et l’affermissement des intérêts de l’Allemagne impériale dans la région. En 1914 cependant, l’Organisation sioniste mondiale était déjà engag ée très loin dans son offre parallèle pour enrôler l’Empire britannique dans une entreprise de démolition de l’Empire ottoman avec l’aide des sionistes. Chaim Weizmann, qui devait devenir président de l’Organisation sioniste mondiale, fit une déclaration publique importante « Nous pouvons raisonnablement dire que si la Palestine devait tomber dans la sphère d’influence britannique. et si l’Angleterre devait encourager les installations de juifs là-bas, comme dépendance de l’Angleterre, nous pourrions avoir en 20 ou 30 ans un million de juifs sur place, peut-être plus ; ils développeraient le pays, y ramèneraient la civilisation et représenteraient une protection efficace du canal de Suez. » (18)  LA DÉCLARATION BALFOUR  Weizmann obtint des Anglais ce que les dirigeants sionistes avaient recherché à la fois auprès des gouvernements ottoman et de l’Empire allemand. Le 2 novembre 1917, la déclaration Balfour était publiée. Elle affirmait en particulier « Le gouvernement de Sa Majesté envisage avec faveur l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et fera tout son possible pour faciliter la réalisation de cet objectif... » (19)  Les sionistes étaient cyniques dans la présentation de leurs prétentions sur la Palestine et ne s’embarrassaient pas de contradictions. A certains moments ils affirmaient que la Palestine était un désert parcouru parfois par des nomades ; la minute d’après, ils proposaient de soumettre la population palestinienne qu’ils avaient présentée comme inexistante. A. D. Gordon lui-même déclarait sans cesse que les Palestiniens qui, il insistait là-dessus, n’existaient pas, devaient être empêchés par la force de cultiver la terre.  Cela se traduisit par l’expulsion total des “non-juifs” de la “terre ancestrale” juive. La même méthode structure les déclarations des dirigeants britanniques et sionistes dans leurs plans pour la population palestinienne. A l’époque de la déclaration Balfour, les armées de l’Empire britannique avaient occupé la majeure partie de l’Empire ottoman au Moyen-Orient, ayant enrôlé les dirigeants arabes dans le combat contre les Turcs sous leur direction en échange de promesses sur “l’auto-détermination”.  Tandis que les sionistes dans leur propagande insistaient sur le fait que la Palestine était déserte, dans leurs négociations avec leurs protecteurs impériaux ils expliquaient clairement que lasiij tion du peuple palestinien était à l’ordre du jour et proposaient leurs services à cette fin.  Les Britanniques répondirent de la même façon. La déclaration Balfour contenait également un passage prévu pour bercer les dirigeants féodaux arabes choqués par la traîtrise de l’Empire britannique qui offrait aux sionistes la région même où l’auto-détermination arabe avait été promise « Etant clairement entendu que rien ne sera fait qui pourrait porter préjudice aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine... » (20)  Les Anglais avaient utilisé durant des années la direction sioniste pour obtenir le soutien à leur guerre contre l’Allemagne impériale des plus gros capitalistes et banquiers juifs aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Avec Weizmann, ils se préparaient à utiliser la colonisation sioniste de la Palestine comme l’instrument de leur contrôle politique sur la population palestinienne.  La « terre sans peuple pour un peuple sans terre » était en fait un pays en ébullition contre la sujétion coloniale. L’ancien Premier ministre Balfour lui-même a été brutalement explicite dans son mémorandum pour les cercles officiels, en dépit des grandes déclarations à l’usage du public sur « les droits civils et religieux des communautés non juives (sic) de Palestine » « Le sionisme, qu‘il ait tort ou raison, qu’il soit bon ou mauvais, est enraciné dans des besoins actuels, et dans des espoirs futurs d’une importance bien plus grande que les souhaits de 700 000 Arabes en plus qui habitent en ce moment ce vieux pays. » (21)  LA CONNECTION SUD-AFRICAINE  Il y avait une dimension particulière à cet accord secret entre Balfour et la direction sioniste pour bafouer les aspirations du peuple palestinien. C’était l’ami intime de Weizmann et futur Premier ministre de l’Afrique du Sud, le général Jan Smuts, qui, comme délégué sud-africain au cabinet de guerre britannique au cours de la Première Guerre mondiale, avait aidé à faire pression sur le gouvernement britannique pour qu’il adopte la déclaration Balfour et s’engage à la construction d’une colonie sioniste sous la direction des Britanniques.  La relation entre le mouvement sioniste et les colons sud-africains s’était développée auparavant, tout comme l’amitié entre le général Smuts et Chaim Wiezmann. A la fin du siècle, une importante population juive, venue en particulier de Lithuanie, s’était installée en Afrique du Sud. Le mouvement sioniste considérait cette population comme particulièrement sensible aux idées sionistes du fait de son statut déjà établi de colons en Afrique du Sud. Les dirigeants sionistes ont effectué des voyages incessants en Afrique du Sud pour y chercher un soutien politique et financier. N. Kirschner, ancien président de la fédération sioniste sud-africaine, a fourni un compte rendu vivant de l’interaction étroite entre les dirigeants sionistes et sud-africains, de l’identification de sionistes comme Weizmann et Herzl avec la conception sud-africaine d’une population colonisatrice racialement distincte, et de l’importance d’un pacte virtuel entre les deux mouvements. (22)  En identifiant le sionisme avec l’idéologie des colons sud-africains, Chaim Weizmann était dans la lignée de l’admiration exprimée auparavant par Théodor Herzl, fondateur du sionisme politique, pour celui qui représentait la quintessence de l’idéologie coloniale, Sir Cecil Rhodes. Herzl tenta de modeler son propre devenir politique sur les réalisations de Rhodes « Bien sûr, il y a de grandes différences entre Cecil Rhodes et mon humble personne, les aspects personnels étant largement en ma défaveur ; les aspects objectifs sont grandement en faveur du mouvement sioniste. » (23)  Herzl se faisait l’avocat’de l’achèvement de la dispersion des Palestiniens par les sionistes en utilisant des méthodes dont Rhodes avait été le pionnier, et il réclamait d’urgence la formation de l’équivalent juif d’une compagnie coloniale fondatrice, un amalgame d’exploitation coloniale et d’entreprise.  « La Compagnie juive est en partie façonnée selon les lignes d’une grande compagnie d’acquisition. On pourrait l’appeler une Compagnie fondatrice juive, bien qu’elle ne puisse exercer un pouvoir souverain, et n’ait d’autres tâches que purement coloniales. » (24)  « Les plus pauvres d’abord iront cultiver le sol. Selon un plan préétabli ils construiront les routes, les ponts, les chemins de fer et installations télégraphiques, domestiqueront les rivières et construiront leurs propres logements ; leur travail créera le commerce, le commerce créera des marchés, et les marchés attireront de nouveaux colons. » (25)  En 1934, un important groupe d’investisseurs sud-africains et de gros capitalistes avait fondé les “Investissements Afrique-Israël ” pour acheter des terres en Palestine. La compagnie existe toujours après 54 années avec des Sud-Africains comme coactionnaires, les actions étant détenues par la banque israélienne Leumi. (26)  “LE MUR D’ACIER”  La tension provoquée par l’affirmation que la terre était vide et l’exigence que les habitants “inexistants” soient sauvagement asservis était moins aigu lorsque les sionistes discutaient de stratégie entre eux. La réalité de ce qui était nécessaire pour coloniser la Palestine prenait le pas sur la propagande.  L’un des porte-parole idéologiques du sionisme, Vladimir Jabotinsky, est connu comme le fondateur du “sionisme révisionniste”, le courant sioniste que la façade libérale et socialiste employée par les sionistes “ouvriers” irritait (le sionisme révisionniste est représenté aujourd’hui par Menachem Begin et Yitzhak Shamir).  En 1923, Jabotinsky écrivit Le Mur d’acier, que l’on peut considérer comme une borne de référence pour tout le mouvement sioniste. Il avançait sans mettre de gants les prémisses essentielles du sionisme qui avaient, en fait, été établies auparavant, peut-être avec moins d’éloquence, par Theodor Herzl, Chaim Weizmann et d’autres. Le raisonnement de Jabotinsky a été cité et repris dans des plaidoiries sionistes ultérieures - de la prétendue “gauche” à la prétendue “droite”. Il écrivait ce qui suit :  “Il ne peut être question d’une réconciliation volontaire entre nous et les Arabes, ni maintenant, ni dans un futur prévisible. Toute personne de bonne foi, mis à part les aveugles de naissance, a compris depuis longtemps l’impossibilité complète d’aboutir à un accord volontaire avec les Arabes de Palestine pour la transformation de la Palestine d’un pays arabe en pays à majorité juive. Chacun d’entre vous a une compréhension globale de l’histoire de la colonisation. Essayez de trouver un seul exemple où la colonisation d’un pays s’est faite avec l’accord de la population autochtone. Ça ne s’est produit nulle part.  Les autochtones combattront toujours obstinément les colonisateurs - et c’est du pareil au même qu’ils soient civilisés ou non. Les compagnons d’armes de Hernan Cortez ou de Francisco Pizarre se sont conduits comme des brigands. Les Peaux-Rouges ont combattu avec ferveur et sans compromis les colonisateurs au bon coeur comme les méchants. Les indigènes ont combattu parce que toute forme de colonisation n’importe où à n’importe quelle époque est inacceptable pour le peuple indigène. Tout peuple indigène considère son pays comme sa patrie, dont il veut être totalement maître. Il ne permettra pas de bon gré que s’installe un nouveau maître. Il en est ainsi pour les Arabes. Les partisans du compromis parmi nous essaient de nous convaincre que les Arabes sont des espèces d’imbéciles que l’on peut tromper avec des formulations falsifiées de nos buts fondamentaux. Je refuse purement et simplement d’accepter cette vision des Arabes palestiniens.  Ils ont exactement la même psychologie que nous. Ils considèrent la Palestine avec le même amour instinctif et la ferveur véritable avec laquelle tout Aztèque considérait Mexico ou tout Sioux sa prairie. Tout peuple combattra les colonisateurs jusqu’à ce que la dernière étincelle d’espoir d’éviter les dangers de la conquête et de la colonisation soft éteinte. Les Palestiniens combattront de cette façon jusqu‘à qu‘il n‘y ait pour ainsi dire plus une parcelle d’espoir.  Peu importe les mots que nous utilisons pour expliquer notre colonisation. La colonisation a sa propre signification intégrale et inévitable qui est comprise par tous les juifs et tous les Arabes. La colonisation n‘a qu’un but. C’est dans la nature des choses. Changer cette nature est impossible. fi était nécessaire de mener la colonisation contre la volonté des Arabes palestiniens et cette nécessité existe aujourd’hui de la même manière. Même un accord avec les non-Palestiniens est une lubie du même type. Pour que les nationalistes arabes de Bagdad, de la Mecque et de Damas acceptent de payer un tel prix, il faudrait qu‘ils refusent de maintenir le caractère arabe de la Palestine.  Nous ne pouvons offrir aucune compensation contre la Palestine, ni aux Palestiniens, ni aux Arabes. Par conséquent, un accord volontaire est inconcevable. Toute colonisation, même la plus réduite, doit se poursuivre au mépris de la volonté de la population indigène. Et donc, elle ne peut se poursuivre et se développer qu’à l’abri du bouclier de la force, ce qui veut dire un Mur d’acier que la population locale ne pourra jamais briser. Telle est notre politique arabe. La formuler de toute autre façon serait de l’hypocrisie.  Que ce soit au travers de la déclaration Balfour ou au travers du mandat, l’exercice d’une force étrangère est une nécessité pour établir dans le pays les conditions d’un pouvoir et d’une défense par lesquels la population locale, quels que soient ses désirs, soit privée de la possibilité d’empêcher la colonisation, par des moyens administratifs ou physiques. La force doft jouer son rôle - brutalement et sans indulgence. De ce point de vue, il n’y a pas de différence significative entre nos militaristes et nos végétariens. Les uns préfèrent un Mur d’acier fait de baïonnettes juives, les autres un Mur d’acier constitué de baïonnettes anglaises.  Au reproche habituel selon lequel ce point de vue est immoral, je réponds “absolument pas”. C’est là notre morale. Il n’y a pas d’autre morale. Aussi longtemps qu‘il y aura la moindre étincelle d’espoir pour les Arabes de nous résister, ils n’abandonneront pas cet espoir, ni pour des mots doux ni pour des récompenses alléchantes, parce qu’il ne s’agit pas d’une tourbe mais d’un peuple, d’un peuple vivant. Et aucun peuple ne fait de telles concessions sur de telles questions concernant son sort, sa uf lorsqu’il ne reste aucun espoir, jusqu’à ce que nous ayons supprimé toute ouverture visible dans le Mur d’acier.” (27)  LA MÉTAPHORE DE L’ACIER  Le thème et l’imagerie du fer et de l’acier coercitifs évoqués par Vladimir Jabotinsky devaient être repris par le mouvement national-socialiste naissant en Allemagne, de même que Jabotinsky à son tour a été inspiré par Benito Mussolini. L’invocation mystique de la volonté de fer au service de la conquête militaire et chauviniste réunit les idéologues sionistes, colonialistes et fascistes. Elle recherchait sa légitimité dans les légendes d’un passé conquérant.  Le Samson et Dalila de Cecil B. De Mille était plus qu’une romance biblique hollywoodienne sur la perfidie de la femme et la vertu de la force masculine. Ce film était porteur également des valeurs autoritaires du roman dont il était l’adaptation, le “Samson” écrit par Vladimir Jabotinsky, qui se faisait le hérault de la nécessité de la force brute si les Israéliens devaient conquérir les Philistins.  « “Transmettrai-je un message de votre part à notre peuple ?“ Samson réfléchit un moment, puis dit lentement : “Le premier mot c’est le fer. Ils doivent se procurer du fer. Ils doivent donner tout ce qu’ils ont pour obtenir du fer - leur argent et leur blé, leur huile et leur vin et leurs troupeaux, et même leurs femmes et leurs filles. Tout pour le fer ! Il n’y a rien au monde qui ait plus de valeur que l’airain.” » (28)  Jabotinsky, chantre du “Mur d’acier que la population locale ne pourra pas briser” et de “la loi d’airain de tout mouvement colonisateur... la force armée”, allait trouver un écho à son appel au cours des prochaines décennies au travers des grandes razzias sionistes contre le peuple opprimé.  L’actuel ministre de la Défense d’Israël , Yitzhak Rabin, a lancé la guerre de 1967 comme chef d’état-major "à la volonté d’airain". Comme Premier ministre en 1975 et 1976 il lançait la politique de l’Hayad Barzel, “la main de fer”, en Cisjordanie. Plus de 300 000 Palestiniens sont passés par les prisons israéliennes dans des conditions où la torture était permanente et institutionnalisée, comme l’a révélé le Sunday Times de Londres et l’a dénoncé Amnesty International.  Son successeur comme chef des armées, Raphael Eitan, a imposé “le bras d’airain” - Zro’aa Barzel - sur la rive ouest, ajoutant l’assassinat à l’arsenal répressif. Le 17 juillet 1982, le cabinet israélien s’est réuni pour préparer ce que le Sunday Times de Londres devait appeler “cette opération militaire de purge des camps soigneusement préparée, appelée Moah Barzel ou Cerveau d’acier”. Les camps en question étaient Sabra et Shatila et l’opération “était bien connue de Sharon et Begin, faisant partie d’un plan plus large de Sharon discuté par le cabinet israélien”. (29)  Lorsque Yitzhak Rabin, qui avait soutenu le Likoud révisionniste au Liban au cours de la guerre, devint le ministre de la Défense de Shimon Peres dans l’actuel gouvernement “d’unité nationale”, il lança au Liban et sur la rive ouest du Jourdain (Cisjordanie) la politique de l’Egrouf Barzel, “le poing de fer”. C’est le “poing de fer” que Rabin a cité à nouveau comme la base de sa politique de répression tous azimuts et de représailles collectives face au soulèvement palestinien de 1987-1988 en Cisjordanie et à Gaza.  LA DOCTRINE DE LA PURETÉ DU SANG  Il est également intéressant de noter que Jabotinsky fondait sa volonté colonialiste sur la doctrine de la pureté du sang. Jabotinsky l’énonçait dans sa Lettre sur l’Autonomie :  “Il est impossible à un homme de s’assimiler à un peuple dont le sang est différent du sien. Pour être assimilé, il faudrait qu’il change son corps, il doit devenir leur par son sang. Il ne peut y avoir d’assimilation. Nous n’autoriserons pas des choses du genre des mariages mixtes parce que la préservation de notre intégrité nationale est impossible autrement que parle maintien de la pureté de la race et pour ce faire nous aurons ce territoire dont notre peuple constituera la population racialement pure.”  Ce thème a été plus largement développé par Jabotinsky :  “La source du sentiment national... se trouve dans le sang de l’homme dans son type physico-racial et là seulement... La vision spirituelle d’un homme est fondamentalement déterminée par sa structure physique. C’est pour cette raison que nous ne croyons pas à l’assimilation spirituelle, fi est inconcevable, d’un point de vue physique, qu’un juif né dans une famille de pur sang juif puisse s’adapter à la vision spirituelle d’un Allemand ou d’un Français. Il peut être entièrement imprégné du fluide germanique, mais le noyau de sa structure spirituelle restera toujours juif.” (30)  L’adoption des doctrines chauvines de la pureté de la race et de la loi du sang n’était pas limitée à Jabotinsky ou aux révisionnistes. Le philosophe libéral Martin Buber situait également son sionisme dans le cadre de la doctrine raciste européenne “Les couches les plus profondes de notre être sont déterminées par le sang, nos pensées les plus intimes et notre volonté sont colorées par lui.” (31)  Comment cela allait-il être mis en application ?  III - La colonisation de la Palestine En 1917 il y avait 56 000 juifs en Palestine et 644 000 Palestiniens arabes. En 1922, il y avait 83 794 juifs et 663 000 Arabes. En 1931, il y avait 174 616 juifs et 750 000 Arabes. (32)  LA COLLABORATION AVEC LE COLONIALISME BRITANNIQUE  Avec la constitution d’un alliance tacite avec les Britanniques, les sionistes recevaient à présent un soutien sur la base de leur conquête du pays. Ce processus a été décrit par le poète et essayiste marxiste palestinien Ghassan Kanafani “En dépit du fait qu’une grande partie des capitaux juifs étaient alloués aux zones rurales, et en dépit de la présence des forces militaires impérialistes britanniques et de la pression immense exercée par la machine administrative en faveur des sionistes, ces derniers n’obtinrent que des résultats minimes en ce qui concerne l’acquisition des terres.  fis parvinrent cependant à sérieusement dégrader le statut de la population rurale arabe. La possession de terrains agricoles ou urbains passa de 300 000 dunums en 1929 (26800 hectares) à 250 000 dunums en 1930 (112 000 hectares). Le pourcentage de terre acheté était insignifiant du point de vue d’une colonisation massive et du règlement du “problème juif”. Source : https://dzmewordpress.wordpress.com/2018/02/09/lhistoire-cachee-du-sionisme/
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  • Essayer de comprendre les événements mondiaux.Participer à lever le voile sur certaines zones d'ombre qui rendent le monde pourri.Réponse aux détracteurs de l'Islam par des arguments inattaquables. Enfin, rechercher la vérité là où les menteurs la cachent.
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